« J’ai si grande crainte de la parole des hommes. Ils énoncent tout si clairement. Et ceci s’appelle chien et cela s’appelle maison. Et ici, ça commence, et là-bas, ça finit. J’aime tant entre les choses chanter ».
Rainer Maria Rilke (Premiers poèmes, 1909)
Entendre les choses chanter c’est accepter une part de doute. Dans l’inconfort menaçant du trouble, nos corps prennent le relais sur nos cerveaux, et mettent en alerte nos sens, notre présence au monde s’intensifie. Au tout début de ce projet, Lisières, Justine Dhouailly voulait que le travail se situe dans l’entre-deux incertain du tiret, entre les mots, entre les choses : là où les mondes commencent et se terminent en même temps, dans l’incertitude.
Né de ses allers-retours entre le béton marseillais et les forêts du Lot, ce travail est une traversée physique. Il se fabrique par un assemblage de matières : textes, sons, gestes, sensations, souvenirs, branches, feuilles, terre, laine, cendre, os, peaux, humain.es. Toutes ces choses s’accumulent, se mélangent et cohabitent dans le coffre de sa voiture. Chaque présentation se passe comme une sorte d’escale dans cette traversée. La voiture s’arrête, déborde, une lisière se fabrique. Elle nous permet d’envisager d’autres possibilités, d’autres rapports au monde, aux lieux, au langage.
Lisières donne à voir la multiplicité de liens invisibles qui nous relient au milieu où nous sommes. Volontairement multiple et métamorphe, cette recherche est composée de poésies ou chant autonomes - séparées les unes des autres - reliées par le vide. Toutes cherchent à dériver de la grande autoroute de la compréhension et du savoir acquis. Toutes cherchent une autre manière d’être au monde, plus sensible, plus spontanée. Chacune d’elle est un nouveau récit, un rendez-vous donné au public, un acte qui se pose dans le réel. Cet archipel rituels témoigne de nos présences humaines dans un milieu donné : ici et maintenant.
En 2022, Lieux publics et la FAI-AR (Formation supérieure d’art en espace public) prolongent leur relation de compagnonnage et renforcent leur partenariat autour de l’accompagnement de jeunes artistes issus de la formation.
Distribution
Jeu : Milan Boëhm
Auteure et comédienne : Justine Dhouailly
Création plastique : Lara Guéret
Création sonore, régie : Lucien Prunenec
Regard sur l’écriture, dramaturgie : Margot Taupin
Aide à la conception : Luis Carricaburu
Production
Une production de la compagnie Amour Tambour, Lot (46).
En coproduction avec Lieux Publics - centre national & pôle européen de création pour l’espace public,
La FAI-AR, Formation supérieure d’art en espace public,
La Lisière, lieu de création en Ile-de-France pour les arts de la rue et les arts dans et pour l’espace public
Le Théâtre de l’Unité
Far West, résidences dédiées aux écritures contemporaines, à l’art du son et aux arts visuels
L’Atelline, lieux d’activation art & espace public.
Jeudi 15 septembre à 18h30
Durée : 40 minutes
Cité des arts de la rue
225 avenue Ibrahim Ali
13015 Marseille
Gratuit et tout public